À VENDRE

 Si le monde est à Istanbul, on ne s’étonne pas des moult curiosités ornant les rues stambouliotes.  Voici une liste non exhaustive de ce que vous pouvez vendre ou acheter (c’est selon) dans les rues d’Istanbul, la chaotique.

  • Des fleurs
  • Des photographies d’inconnus
  • Des bijoux ornés d’un œil mystique pour éloigner le mauvais sort
  • Son corps
  • Une ballade en Taksi
  • Des balais aux couleurs fluorescentes
  • Des köfte, des simit, ou du maïs pour 1,50 lire turque
  • Des tuyaux pour la machine à laver qui inonde votre cuisine
  • Du çay (thé) (reposant dans une citerne posée sur le dos d’un vendeur nomade)
  • Son avenir… lue selon une carte choisie par un lapin (ou un coq) esclave
  • Des Malboro ou des Winston (dépendamment si vous êtes Européen ou Turc)
  • L’essai Bur bir pipo değildir (i.e. Ceci n’est pas une pipe) de Michel Foucault
  • Une cassette Jesus loves you pour 1 lire turque

Çukurcuma

JIM MORRISON et moi à Istanbul.

This is the strangest life I have ever known. – Jim Morrison

Les jours étranges de Morrison semblent m’avoir trouvé à Istanbul. Nostalgique d’un verre de vin en sa compagnie dans le Saint-Germain-des-Prés l’ayant vu mourir, me voilà au cœur d’Istanbul sous l’orgue psychédélique, vertigineux des Doors traversant mes écouteurs pour s’infiltrer dans mon esprit troublé.

Jim Morrison et moi à Istanbul, une réalité plutôt qu’une fantaisie. Istanbul, cité des rencontres mystiques, lire des rencontres aphysiques, l’impossibilité semble se faire obscénité. En effet, l’un ne peut que laisser son esprit s’élever au-delà de son corps s’il aspire à se saisir de la poésie d’Istanbul. Jim Morrison et moi à Istanbul, le Paris du Moyen-Orient, une rencontre s’ajoutant à toutes ces rencontres surréalistes intrinsèques à la vie stambouliote. Une rencontre prévisible : prévisible au sens où les paroles de Morrison ornaient mon carnet avant même de poser mon corps à Istanbul.

Les jours étranges de Morrison à Istanbul, c’est s’être vue fredonner People are Strange avec une jeune âme que l’on vient de rencontrer, être hypnotisée par l’iconographie de Morrison la jeune vingtaine ça et là dans des rues anonymes, être lénifiée par les paroles de Light my Fire dans un café de Çukurcuma, puis de Beyoğlu.

Incapable d’expliquer l’omniscience des jours étranges de Morrison à Istanbul, je m’y noie, sensible aux images qui s’y dessinent. Prise de vertige, je ne peux que me laisser réconforter par l’iconographie christique de Morrison, troublée. Désireuse d’honorer le psychédélisme d’Istanbul, voilà un collage (onirique) des paroles de Morrison.

Break on through to the other side / I’d rather fly / Stoned immaculate.

Before you slip into unconsciousness / Oh tell me where your freedom lies.

Riders on the storm / We want the world, and we want it now.

Strange days have found us.

À FAIRE à Istanbul.

À faire aujourd’hui à Istanbul…

_18 juillet 2010: Embrasser un amoureux sous les lumières tombantes d’Istiklal Caddesi.

_19 juillet 2010 Observer, silencieuse, les mosquées se refléter sur le Bosphore, accroupie sur le bord d’un toit de Beyoğlu, la nuit tombée.

_20 juillet 2010 Discuter de l’amour à Istanbul sur le toit d’un immeuble accompagnée d’expatriés espagnols, français et allemands et de quelques Efes.

_21 juillet 2010 Vivre l’auberge espagnole dans un appartement anonyme de Beyoğlu, soit partager un petit déjeuner turc avec une Portugaise, un Allemand, et une Turque, puis chanter La Javanaise de Gainsbourg.

_22 juillet 2010 Réparer la machine à laver et signer la fin des corps mouillé, à mon appartement.

_23 juillet 2010 Rencontrer une connaissance de Montréal et trinquer aux rencontres surréalistes à İstanbul près de la tour de Galata.

_24 juillet 2010 Etre électrisée par la musique du bar Peyote, notamment par Total Solide de We are Wolves, mixé par un DJ stambouliote portant la moustache.

_25 juillet 2010 Prendre un (non) petit déjeuner au chic Divan Otel en compagnie d’un Parisien trop bien.

_26 juillet 2010 Etre absorbée par une conversation (et boire) plusieurs Efes en compagnie du proprietaire d’un restaurant de rakı & mezzes sur Balık Pazaar Cad. au passé socialiste.

_27 juillet 2010 Se faire chasser par la polis turque lors du lancement de l’ouvrage Istanbul Eats dans le quartier de Galata.

_28 juillet 2010 Savourer un délice indien en regard des films d’horreur des années 1970s en compagnie d’un colocataire  grec/british/berlinois.

_12 août 2010 Prendre un taksi et y insérer sept corps humains en y incluant le sien et en excluant celui du conducteur.

_13 août 2010 Déguster un impénétrable café chez Mandabatmaz, fumer le nargile dans une étroite ruelle de Beyoğlu, puis se livrer à une épique joute de backgammon.

_14 août 2010 Marcher dans le quartier de Çukurcuma et se faire muette devant un l’eau s’élevant vers le ciel dans une ruelle.

_15 août 2010 Dire au revoir à une âme compatible sur le toit d’un immeuble près de la tour de Galata, le regard se jettant dans le Bosphore.

Ces cafés d’Istanbul que l’on oublie pas: OPEN KITCHEN

Dans une rue anonyme, à quelque pas de la tour de Galata, là même où une forêt spontanée croît et où les chats esseulés sommeillent, se cache le café Open Kitchen. Ce discret café nous charme rapidement, ne serait-ce qu’en raison de la nostalgie laissée par tous ces expatriés, tous  éprouvés à l’idée de devoir un jour quitter Istanbul. Ou peut-être serait-ce la nostalgie de quitter ce même café, celui dont on s’amourache rapidement pour ses espressos bien serrés, sa décoration des années 1960 et son jardin improvisé? Peu importe, goûter l’Open Kitchen, c’est repartir, le cœur léger, avec quelques pages noircies de fragments d’intemporalité.

 * Pour s’y rendre à partir du Tünel : marcher sur Galip Dede, puis tourner à droite sur  la rue faisant face à l’auberge Galata Life.

Ces orgasmes métaphysiques

Istanbul is love. Istanbul, c’est l’amour. Ou plutôt, Istanbul c’est cette femme fatale qui ne daigne poser le regard sur nous, mais dont le sourire nous obnubile, nous crève le cœur.

Istanbul is love. Istanbul, c’est l’amour. Ou plutôt, c’est tomber amoureux près du Bosphore, sur le pont de Galata, devant les mosquées, entre les taxis, sur le toit d’immeubles décrépits, près des vendeurs de rues, à côté du tramvuay menant au Tünel, sous les lumières d’Istiklal Caddesi, dans un appartement de Beyoğlu…

Voilà une liste non exhaustive des ondes m’ayant offert des orgasmes métaphysiques et amoureux à Istanbul.

  • Strange Days & People are Strange – The Doors » Istiklal Caddesi
  • I Feel Good – James Brown » Un concert dans un tramvuay
  • – Leonard Cohen » En fumant le nargile dans Beyoğlu
  • What a Wonderful World – Louis Armstrong » Urban Cafe
  • Neon Bible – Arcade Fire » Sur un toit, Beyoğlu
  • L’amour à trois * version anglaise – Stereo Total » Sur un toit, Beyoğlu
  • Eternal Sunshine (of the Spotless Mind) – Beck » Çukurcuma
  • Pour que tu m’aimes encore – Celine Dion » Sur un autre toit, Beyoğlu
  • Grolandic Edit – Of Montreal » Urban Cafe
  • La ballade de Melody Nelson *version électro – Serge Gainsbourg » Un bar underground, Kadiköy
  • Melancholy Hill – Gorillaz » Kadiköy
  • Pass this On – The Knife » Kadiköy
  • Le sais-tu? – Françoise Hardy » mon appartement, Beyoğlu.
  • Total Solide – We are Wolves » bar Peyote, Beyoğlu.

Yuksek Kaldırım Caddesi

LOUÉ. Appartement situé sur Yuksek Kaldırım Caddesi dans un vieil immeuble glauque comprenant 3 chambres, deux charmants jeunes hommes (un Grec artsy ayant vécu à Berlin, et un Allemand arborant des lunettes d’intellectuel) et un chat noir. Inclus : le thé; une terrasse sur le toit avec vue sur Beyoğlu, la tour de Galata et le Bosphore; un sofa-lit. Prenez note que de nouveaux colocataires (éphémères et polyglottes) apparaissent tous les jours. Pour nous y rejoindre, trouvez l’immense porte en fer forgée tout près de la jeune femme tenant le ballon rouge.

KIT DE SURVIE À ISTANBUL

  1. Une jeune âme
  2. Un appareil habileté à réaliser des clichés de rues ou de chats stambouliotes
  3. Un carton de Malboro
  4. Une connaissance limitée, mais appréciable de la langue turque
  5. Un profil de Couchsurfer
  6.  Des verres solaires (de préférence des Ray Ban)
  7.  Un amoureux ou une attitude dissuasive envers tous ces womanizers turcs
  8. Une carte de Taksim et de ses environs et quelques lires turques pour demander « Su lüften »
  9. Un stylo, accompagné d’un carnet de notes prêt à être noirci d’écrits évanescents
  10. De nombreuses heures à consumer en rencontres surréalistes (ou en marches nocturnes).

Ces cafés d’Istanbul que l’on oublie pas: URBAN CAFE

Ces cafés d’Istanbul que l’on oublie pas, nous obnubilent. Ceux-là même qui nous hantent l’instant d’une vies, ceux-là de Çukurcuma à quelques pas du Lycée de Galatasaray.  Des carnets posés en travers de la table, quelques Malboros fumantes,  un café à peine entamé – trop épris que nous sommes à rédiger de courts récits surréalistes  (ou encore à consigner dans notre Moleskine ces rencontres stambouliotes  –  l’impression d’avoir été tenu trop longtemps à l’écart de l’épicurisme nous envahit. Parmi ces cafés qui nous convainc qu’Istanbul, c’est en fait le Paris du Moyen-Orient (celui-là même des jours de Vian et de Sartre) et qu’on aurait aimé goûter l’Istiklal Caddesi des grands jours de Constantinople,  il y a le Urban Café de Beyoğlu. Une ambiance Saint-Germain-des-Prés, un service discret mais attentionné, des espresso à l’européenne,  et surtout, une musique à faire éclater les cœurs… À y entendre What a Wonderful World, Light my Fire (version jazzy), Dance with me to the end of love, il nous semble impossible de ne pas y tomber amoureux ou de ne vouloir y changer le monde… le temps de quelques instants.

« I see threes of green, and red roses too. I see ’em bloom… for me and you. And I think to myself, what a wonderful world. » – What a Wonderful World.

 

İstanbul: le disquaire d’İstiklal Cad.

En trame sonore pour tous ces moment surréalistes vécus à İstanbul, capitale du monde: Babylon is Music… Music is Passion (vol. 4) réalisé par le mythique Cafe Babylon. Over and Over représente en quelque sorte mon état d’esprit du moment.

Je vous recommande de visiter le disquaire Lale Plak, niché à la fin de İstiklal Caddesi à Beyoğlu. Le propriétaire saura vous guider parmi les milliers de fragments musicaux  épars. Enfin, n’hésitez pas à lui demander qui sont ces hommes sur la photo à l’entrée… il sera très fier de vous répondre qu’il s’agit de son père et son oncle il y a 45 ans!